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tion de partis politiques, jeu de base-ball, etc., autant d’emprunts et d’hommages à la civilisation américaine. L’ambassade et la grande mission japonaises de 1860 et de 1870 commencèrent leurs visites des pays étrangers par les États-Unis.

À l’actif des Américains un beau trait de désintéressement : des navires anglais, après avoir bombardé et détruit la ville de Simonoseki en 1863, levèrent 3 millions de dollars d’indemnité qui furent divisés entre les Puissances. Plus tard, l’enquête ayant prouvé que tous les torts en cette affaire n’étaient pas du côté japonais, les États-Unis retournèrent au Japon les 750 000 dollars qu’ils en avaient reçus. Puis, dix-huit années durant, c’est la comédie en trois actes de la révision des traités. L’Amérique, la première, est disposée à reconnaître au Japon une entière juridiction dans les ports ouverts, et, continuant envers le Japon ses habitudes de patronage, fait mine en 1876 de conclure séparément un traité qui sacrifiait à l’orgueil japonais les droits d’exterritorialité. Si ce « Bingham treaty » resta lettre morte, la faute en fut, non pas aux Américains, mais bien aux négociateurs du Mikado qui, au moment d’obtenir l’avantage qu’ils désiraient, se prirent à hésiter, et — scrupule de dernière heure — ajoutèrent une clause d’après laquelle le traité ne serait appliqué qu’au cas où les autres puissances concluraient des traités analogues. En 1887, reprise du projet : les États-Unis, toujours les premiers, sont encore prêts à le signer. Encore une fois, l’affaire échoua : l’opinion japonaise prit peur à l’idée du péril que pourrait créer une immigration étrangère. Enfin, en 1894, le gouvernement anglais s’étant laissé arracher un traité, les États-Unis le ratifièrent immé-