Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/386

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remportaient sur les Blancs de si beaux succès. L’exclusion des travailleurs chinois hors du Japon, pourquoi ne serait-elle pas aussi blessante pour la Chine que l’exclusion des Japonais hors des États-Unis l’est pour le Japon ? Entre travailleurs chinois et travailleurs japonais au Japon ce sont les mêmes conflits d’intérêt et de race qu’entre travailleurs japonais et américains aux États-Unis. En 1906, un Japonais, directeur des écoles et conseiller du Taotaï de Long-tcheou affirma aux enfants de celui-ci, au cours d’une leçon, qu’ils « étaient de race inférieure ». Le Taotaï a expédié au Japon ce patriote qui disait trop haut ce que pensent ses compatriotes.

Le nationalisme chinois entend n’être protégé par aucune puissance, même par le Japon. Il a fort mal accueilli les accords franco-japonais et russo-japonais. Le Waï-wou-pou a protesté auprès de la France, de la Russie, et par deux fois auprès du gouvernement de Tôkyô contre ces ententes qui portent atteinte à la souveraineté de la Chine : il n’appartient qu’à elle de maintenir l’ordre et la paix dans ses provinces limitrophes du Tonkin, de la Corée, du Liatoung et de la Mandchourie. Elle n’accepte pas de se laisser dépouiller, même par le Japon, de ses droits. Elle les fait valoir sur le territoire de Kwanto au nord de la Corée peuplé de 600 000 Coréens et de 400 000 Chinois, que le Japon a saisi non pas pour lui sans doute, — il s’empresse de l’affirmer, — mais en tant que protecteur de la Corée ; elle proteste contre la hâte des Japonais à établir un réseau télégraphique en Mandchourie, à ouvrir des bureaux à Takéou ailleurs, qui acceptent déjà des télégrammes pour tous les points du monde au tarif japonais ; elle réclame la plus