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des révoltés pour obtenir d’eux, s’ils peuvent établir un gouvernement viable, des avantages en Mandchourie, ou bien, imposant au gouvernement mandchou sa protection, lui fera-t-il payer cher la pacification du pays et le salut de la dynastie ? De toutes façons, la situation n’est pas aisée.

L’avidité du Japon et son intransigeance en Mandchourie ; sa promptitude dans l’affaire du Tatsu Maru[1] à poser un ultimatum à la Chine ; le ton rude qu’il prend pour parler au gouvernement de Pékin ; toute cette politique agressive, après bien des tentatives d’enjôlement, prouve que les Japonais ont dû rabattre de leurs espérances d’il y a trois ans : aujourd’hui une politique intéressée en Mandchourie leur paraît plus sûre que la politique sentimentale à

  1. Le Tatsu Maru transportait des armes envoyées par une maison japonaise de Hong-Kong à un armurier de Macao. Le 5 février 1908 le bateau attendait la marée pour entrer dans le port de Macao quand il fut abordé par quatre canonnières chinoises qui, après avoir amené le pavillon japonais et l’avoir remplacé par un pavillon chinois, emmenèrent le bateau à Canton. Le motif donné pour cette saisie était que le Tatsu Maru transportait des armes destinées aux révolutionnaires chinois du Kouang-Toung et du Kouang-Si. Voilà longtemps que le gouvernement chinois soupçonne, sinon le gouvernement japonais, du moins des Japonais d’entretenir la révolution dans les deux Kouang en envoyant des armes aux agitateurs beaucoup des propagandistes du mouvement sont des Chinois qui ont étudié au Japon. La Chine offrait de faire des excuses et de rendre le navire, mais, comme il a été saisi dans les eaux chinoises, elle voulait garder les armes et munitions de contrebande, sans payer d’indemnité. Les Japonais envoyèrent un navire de guerre à Hong-Kong et, repoussant toute enquête et médiation, adressèrent un ultimatum au gouvernement de Pékin : ils exigeaient la mise en liberté du navire, qu’un hommage public fût rendu au pavillon japonais et une indemnité. La Chine ayant consenti à faire des excuses au Japon, le Japon a accepté l’intervention du ministre anglais à Pékin pour régler l’affaire.