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des États-Unis : M. Chamberlain célébrait les affinités des races anglo-saxonnes et réservait à l’impérialisme américain une place d’honneur dans le gouvernement du monde, sur le même rang que l’impérialisme anglais. La diplomatie de lord Salisbury s’était montrée extrêmement conciliante dans l’affaire du Vénézuéla que l’intransigeance patriotique du président Cleveland et de son secrétaire d’État Olney faillit faire dégénérer en conflit armé.

La guerre d’Espagne révéla aux Américains que sauf l’Angleterre, ils n’avaient pas en Europe de vrais amis ; depuis, il fut souvent question de « hands across the sea » et de « blood thicker than water ». Manifestations plus sérieuses : l’Angleterre a généreusement abandonné ses droits sur Panama, et dans toutes les négociations concernant des questions de frontières en Alaska, des droits de pêche en Newfoundland, elle a été violemment accusée par les Canadiens de partialité en faveur des États-Unis. La Cour et la haute société de Londres se sont toujours mises en frais pour fêter l’ambassadeur des États-Unis, les milliardaires américains, leurs femmes et leurs filles devenues duchesses par leur mariage avec des nobles anglais. Sir Mortimer Durand, ambassadeur de la Grande-Bretagne à Washington, fut subitement rappelé à la fin de 1906 parce qu’on trouvait qu’il ne réussissait pas assez brillamment à Washington, qu’il n’y était pas aussi popular que son collègue l’ambassadeur allemand. Lors de l’incident de la Jamaïque entre le gouverneur sir A. Swettenham et l’amiral américain, le gouvernement anglais pour calmer tout de suite l’amour-propre des Yankees donna tort à son agent, sans attendre ses explications.