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leur assurer un accord avec le Japon. En quoi pouvions-nous aider les États-Unis à régler chez eux l’immigration japonaise ? Le gouvernement de Washington répondit qu’il appréciait l’intérêt que la France lui témoignait, mais qu’il ne voyait rien dans les relations passées ou présentes des États-Unis et du Japon qui les empêchât de s’entendre directement[1].

  1. Certains journaux américains, le New-York Herald par exemple, se sont plaints, en novembre 1907, du peu d’empressement que la Banque de France aurait mis à aider les banques américaines qui sollicitaient d’elle des envois d’or pour atténuer la crise monétaire des États-Unis. En janvier 1908, les feuilles de New-York tirèrent prétexte des exagérations de certains journaux français à propos du conflit américain-japonais pour accuser l’opinion française de pousser à la guerre et d’y encourager le Japon. Cette mauvaise humeur n’a pas cependant empêché, en février 1908, la conclusion d’un accord commercial entre les deux pays et la signature d’un traité d’arbitrage.

    La sympathie des Américains pour la France est certaine, mais il serait peut-être naïf de notre part de croire que pour conserver cette sympathie il nous suffit à tout propos d’évoquer l’éternelle reconnaissance qui est due à Rochambeau et à La Fayette. Des titres aussi souvent rappelés à la reconnaissance perdent leur valeur à la longue. Entre les Américains et nous, il y a de grandes affinités de caractère : notre vie, nos idées leur plaisent. L’amitié américaine peut grandement servir la politique française ; l’Américain comme fournisseur et comme client est indispensable à notre prospérité. Réciproquement, les Américains ont besoin de nous, de notre culture, de nos capitaux. Un peu moins d’histoire et plus d’esprit positif, voilà ce qui convient à l’entretien de cette traditionnelle amitié.