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officiers et équipages de la flotte américaine s’entraînaient ; l’augmentation de cette flotte était réglée sur les progrès de la marine allemande ; le président Roosevelt déclarait que les États-Unis ne toléreraient jamais que l’Allemagne s’emparât d’un territoire dans la province de Rio-Grande do Sul ou dans toute autre partie de l’hémisphère Ouest, — Antilles danoises, ports vénézuéliens ou colombiens. À certain dîner donné il y a quelques années à la Maison Blanche en l’honneur de l’amiral anglais Charles Beresford, l’amiral Dewey et le président Roosevelt parlèrent ouvertement d’une guerre fatale entre les États-Unis et l’Allemagne.

Et pourtant un rapprochement américain-allemand qui, il y a deux ans, paraissait impossible, est à moitié chose faite. L’ennemi national des Américains, puisque aussi bien depuis la victoire sur l’Espagne il faut à ce peuple un ennemi national, c’est non plus l’Allemand mais le Japonais. De toutes les puissances asiatiques, l’Allemagne est la seule avec les États-Unis à n’avoir pas signé de traité ou d’accords avec le Japon : les deux délaissés se rapprochent. Puisque l’Angleterre est fidèle à ses obligations japonaises et que la France s’en crée de nouvelles, les États-Unis se tournent vers l’Allemagne : ils n’avaient pas assez aliéné leur liberté, pour qu’il leur en coûtât de prendre un nouvel ami, mieux disposé à les servir que les anciens. Depuis dix années les Allemands n’ont pas témoigné de nouveau le désir de prendre les Philippines ; l’échec du mouvement pangermanique dans les colonies allemandes du Brésil qui, comme les groupements allemands de l’Amérique du Nord, se laissent gagner par l’attrait d’une terre neuve et