Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/416

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plupart des professeurs américains d’histoire, d’économie politique et de philosophie ont été chercher en Allemagne, imposent aussi le respect. Et puis l’Allemand admire tant le Yankee ! Cela flatte les États-Unis. Depuis le Kaiser jusqu’au moindre clerk en passant par M. Ballin ou M. Dernburg, qu’il soit dans l’industrie ou dans la haute finance, l’Allemand a les yeux fixés sur New-York. Combinaisons gigantesques, trusts ou cartells, faces rasées, coupes des vêtements, importance donnée au confort, luxe un peu gros et tapageur, respect de l’argent, appétit de jouissance, volonté de puissance, goût du colossal — tout en Amérique plaît à l’Allemand qui imite et reproduit au petit pied dans ses villes et dans sa vie les merveilles « des land der unbegrenzten möglichkeiten ».

Le rapprochement avec les États-Unis que ces Allemands mendient depuis des années, comment ne l’accepteraient-ils pas présentement avec enthousiasme, alors qu’il s’agit de prendre parti contre des Jaunes, contre les Japonais si dangereux pour Kiao-tchéou, — territoire à bail qu’un accord ne peut garantir à l’Allemagne, — alors qu’il s’agit de profiter de l’embarras de l’Angleterre et d’une erreur de la France. Un rapprochement avec les États-Unis, n’est-ce pas la meilleure réponse à tous ces accords conclus sans l’Allemagne entre les puissances asiatiques, Japon, Angleterre, France, Russie, bref à la politique de l’entente cordiale qui a su profiter du


    courtoisie et d’amabilité qui ont, pendant ces dernières années, rapproché graduellement les peuples d’Amérique et d’Allemagne. » Depuis un an ou deux, on remarquait quelque atténuation dans la germanophobie du président Roosevelt et de la majorité de l’opinion.