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Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/63

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plantations, pas plus que sur les statistiques, ils ne sont classés avec les Blancs ; ils forment une classe intermédiaire entre Européens et Asiatiques : le Blanc a toujours été trop aristocrate pour permettre qu’on le confonde avec des gens métissés de sang nègre, qui logent dans les quartiers ouvriers des plantations et qui manient la houe. Le rêve des Portugais est d’acquérir un petit coin de terre à eux, dans la montagne, et, de temps en temps, de descendre travailler à la plantation pour argent comptant. Ils ne se soucient pas de servir toute leur vie comme coolies ; leur apprentissage fait, ils ouvrent de petites boutiques, exécutent eux-mêmes les commandes et, sans entrer dans des syndicats, se contentent d’un gain de deux dollars par jour. Très prolifiques, industrieux, frugaux, ce sont de bons éléments de population qui ne quittent pas les îles ; un peu lents d’abord à envoyer leurs enfants à l’école, ils s’américanisent vite et s’intéressent à la politique locale.

Sous la main, on avait des Hawaïens : on s’en servit. En 1905 ils étaient 1 400 environ sur les plantations — sans compter les Hawaïens qui, croisés avec des Américains, forment l’aristocratie blanche de l’île, possèdent les terres et occupent les plus hautes situations administratives. Ces indigènes, physiquement très forts, n’aiment pas travailler régulièrement, monotonement dans les champs de cannes. Ils préfèrent des emplois plus variés : débardeurs, porteurs, charretiers, mécaniciens de locomotives, ou cowboys.

On prit en Louisiane et en Alabama quelques pincées de nègres, — douze nègres en 1901, puis une centaine. La traversée du continent américain et du