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Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/19

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Pour l’Europe aussi il y a du changement en Extrême-Orient : la guerre lui a rendu l’Asie Orientale un peu plus familière ; bon gré, mal gré, elle doit s’en occuper. Ampleur du conflit ; prestige de la distance ; curiosité éveillée par ces rencontres d’armées et d’escadres dont le matériel européen n’avait jamais été sérieusement éprouvé ; crainte surtout d’être impliqué par les alliances dans le conflit ; ajoutez l’incident du Dogger bank, les discussions sur la neutralité française, enfin l’abondance des traités : traités russo-japonais, anglo-japonais, sino-japonais, tout cela contraignit l’Europe à penser aux choses extrême-orientales.

C’est une nouveauté, car, avant et pendant le conflit, l’Europe continentale les a dangereusement ignorées. Aussitôt après la déclaration de guerre, en Russie naturellement, mais aussi en France, en Belgique, surtout en Allemagne, on invoqua le « péril jaune », la lutte des races : Blancs contre Jaunes, civilisés contre barbares, chrétiens contre païens. C’était la philosophie des dessins de Guillaume II : l’archange Michel, glaive levé, menaçant les Jaunes ; c’était aussi la philosophie de ses propos sur les États-Unis d’Europe croisés contre la Barbarie. Après Liao--