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Page:Aubert de Gaspé - L'influence d'un livre, 1837.djvu/105

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— D’où étiez-vous parti ?

— De la Baie St. Paul, quand le vent de Sud-Ouest a pris, nous n’avons pu tenir auprès du vent, et nous avons été obligés de faire vent largue. Nous allions d’un train du diable, quand tout d’un coup, nous avons fait un saut en l’air, puis flan, renversé. — Je crois que nous avons passé sur quelque morceau de bois ; quand à mon ami, je ne l’ai pas revu. En chavirant, par bonheur, j’ai attrappé une écoute, à l’aide de laquelle j’ai remonté sur la chaloupe.

— Il va falloir que vous veniez jusqu’à l’Île d’Anticoste avec moi.

— Tant mieux, dit notre héros, car c’était lui, ça s’adonne bien, car j’y ai affaire — sommes-nous loin ?

— Un peu, vous avez le temps de faire sécher vos habits ayant que nous arrivions, dit le Capitaine en riant, descendez toujours dans la chambre, il y a du feu.

Malgré tous les efforts de Clenricard, Amand ne voulut jamais ôter ses habits pour les faire sécher ; il craignait qu’on ne s’aperçût de sa main de gloire qu’il portait attachée sur sa poitrine, et à laquelle il croyait devoir son salut dans cette occasion.

Huit jours après ils étaient arrivés au Port, et notre héros fut mis à terre, sans un seul sol dans sa poche, dans une Île presque déserte. Dès que Clenricard sut qu’il était ouvrier, il lui proposa de l’employer, ce qu’il fut obligé d’accepter, quoi-