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parvenu au haut de la montagne qui le limite au côté nord ! Qu’il paraît riche avec ses nombreux îlets, en forme de couronne, chargés de pins verts qui semblent autant d’émeraudes parsemées dans une toile d’argent ! Qu’il est pensif et mélancolique lorsqu’aucune voix importune ne réveille les nombreux échos de ses rivages ! Qui aurait pu croire, en le voyant, le 16 Août, balancer au souffle léger d’un vent d’Est ses eaux azurées, que dans la nuit, qui devait suivre cette belle journée, il vomirait de son sein des esprits infernaux qui troubleraient sa tranquillité céleste pour enrichir un chétif mortel ! Qui pourrait croire en effet que cet oasis était le lieu choisi par Amand pour tracer ses cercles nécromantiques.

Neuf heures sonnaient lorsque deux hommes partirent de leurs demeures respectives pour se rendre sur ses rives, lieu marqué du rendez-vous ; Mais qu’elles étaient différentes les sensations qui les animaient ! Amand certain de son élévation future se rendait, joyeux, sans aucune crainte, vers le lieu où il croyait devoir échanger le salut éternel de son âme pour une poignée d’or. Il calculait même déjà les jouissances qu’il allait acheter, une pensée surtout lui souriait : Il pourrait donc enfin se livrer, sans interruption, à ses études chéries — Et puis… s’il pouvait donc trouver la pierre philosophale… La postérité ! Cette idée le faisait avancer rapidement. Dupont, au contraire marchait, lentement