autour de moi, dans cette nuit funeste. Je lui vis étendre la main sur moi ; alors, rassemblant toutes mes forces, et par un mouvement convulsif, je me trouvai debout, et face à face avec le fantôme dont l’haleine enflammée me brûlait le visage. Fantôme ! lui criais-je, si tu es de la part de Dieu demeure, mais si tu viens de la part du diable je t’adjure, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, de t’éloigner de ces lieux. Satan, car c’était lui, messieurs, je ne puis en douter, jeta un cri affreux, et son chien, un hurlement qui fit trembler ma cabane comme l’aurait fait une secousse de tremblement de terre. Tout disparut alors, et les trois portes se refermèrent avec un fracas horrible. Je retombai sur mon grabat, mes deux chiens m’étourdirent de leurs aboiements, pendant une partie de la nuit, et ne pouvant enfin résister à tant d’émotions cruelles, je perdis connaissance. Je ne sais combien dura cet état de syncope ; mais lorsque je recouvrai l’usage de mes sens, j’étais étendu sur le plancher me mourant de faim et de soif. Mes deux chiens avaient aussi beaucoup souffert ; car ils avaient mangé mes souliers, mes raquettes et tout ce qu’il y avait de cuir dans la cabane. Ce fut avec beaucoup de peine que je me remis assez de ce terrible choc pour me traîner hors de mon logis, et lorsque mes compagnons revinrent, au bout de trois mois, ils eurent de la peine à me reconnaître : j’étais ce spectre vivant que vous voyez devant vous.
— Mais, mon vieux, dit l’incorrigible clerc notaire.