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fortune ? Tu sais qu’il a tous les livres du Monde, excepté un ?[1]

— Oui.

— Eh bien, pourquoi a-t-il refusé de me les prêter ? C’est qu’il craignait que je ne fisse comme lui. Comme je puis me fier à toi, je vais te confier un secret : Tu connais cette petite rivière qui serpente derrière son domaine. Je l’ai vu, moi-même, de mes yeux, à minuit, avec son fils, tous deux occupés à conjurer des esprits de l’autre monde. J’avais le cœur faible alors. Aussi je m’éloignai. Si je pouvais retrouver une aussi bonne occasion de m’instruire, je t’assure que je ne la perdrais pas à présent.

— Je consens, dit Dupont.

— Touche là, dit Amand ; à demain, vers minuit. Et les deux amis se séparèrent.

La nuit était sombre, le vent faisait trembler la chaumière, mal assurée sur

  1. Beaucoup de Canadiens ont cette croyance qu’un homme peut posséder tous les livres du monde, excepté un.