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Il se leva de nouveau, s’avança près d’une armoire et en tira un marteau, qu’il contempla avec un sourire infernal : le sourire d’un Shylock, lorsqu’il aiguisait son couteau et qu’il contemplait la balance dans laquelle il devait peser la livre de chair humaine qu’il allait prendre sur le cœur d’Antonio. Il donna un nouvel éclat à sa lumière puis, le marteau d’une main et enveloppé dans les plis de son immense robe, il alla s’asseoir près du lit du malheureux Guillemette.

Il considéra, pendant quelque temps son sommeil paisible, avant-coureur de la mort qui ouvrait déjà ses bras pour le recevoir ; il écouta un moment les palpitations de son cœur : — quelque chose d’inexprimable, qui n’est pas de ce monde mais de l’enfer, passa sur son visage ; il resserra involontairement le marteau, écarta la chemise du malheureux étendu devant lui, et d’un seul coup de l’instrument terrible qu’il tenait à la main, il coupa l’artère jugulaire de