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est détruite par une réalité, Oh ! qu’il doit être horrible le remords qui présente aux malheureux, comme dernière perspective, le gibet ! Le gibet, avec toute sa solennité, sa populace silencieuse, ses officiers en noir, son ministre de l’Évangile, le bourreau et sa dernière pensée à la mort ! Telles étaient les idées qui devaient troubler Mareuil dans sa profonde sécurité. Il ne se doutait guère, lorsqu’il fut réveillé en sursaut, sur les huit heures du matin, par la voix qui lui criait que désormais il serait seul avec sa pensée, qu’avant minuit cette sentence serait accomplie.

Sa préoccupation de la veille lui avait fait oublier qu’à une demi-lieue de chez lui, une jolie anse de sable avançait à une grande distance dans le fleuve, et qu’au baissant de la marée le courant y portait avec beaucoup de force. C’est là qu’après avoir été le jouet des flots, le corps de Guillemette fut se reposer sur le sable, derrière la maison où Saint-Céran avait passé la nuit. Au point du