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une vraie satisfaction que j’aperçus, au bord de ce bois, une petite maison où j’entrai demander à couvert. Il n’y avait que trois personnes dans ce logis lorsque j’y arrivai : un vieillard d’une soixantaine d’année, sa femme et une jeune et jolie fille de dix-sept à dix-huit ans, qui chaussait un bas de laine bleue dans un coin de la chambre, le dos tourné à nous, bien entendu ; en un mot, elle achevait sa toilette. « Tu ferais mieux de ne pas y aller, Marguerite, » avait dit le père, comme je franchissais le seuil de la porte. Il s’arrêta tout court en me voyant, et, me présentant un siége, il me dit avec politesse :

— Donnez-vous la peine de vous asseoir, monsieur ; vous paraissez fatigué. Femme, rince un verre ; monsieur prendra un coup, ça le délassera.

Les habitants n’étaient pas aussi cossus dans ce temps-là qu’ils le sont aujourd’hui ; oh ! non. La bonne femme prit un petit verre sans pied, qui servait à deux fins, savoir : à boucher la bouteille