Page:Aubigné - Les Tragiques, éd. Read, 1872.djvu/20

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effet, M. Tronchin, plein d'obligeance d'ailleurs, ne se souciait guère, à cette époque, de mettre ses précieuses archives à la disposition des chercheurs, dont il appréhendait quelque peu la curiosité indiscrète, surtout en ce qui touchait les papiers de d'Aubigné et ceux du célèbre docteur Tronchin, l'ami de Voltaire, parfois sujets à caution[1].

Toujours est-il que, quelques années après, en 1863, je fus plus heureux. Je reçus à Bessinges, près Genève, dans cette belle propriété du colonel Tronchin où sont soigneusement gardées ses archives de famille, et le meilleur accueil et la plus complète communication des papiers de d'Aubigné. Dès lors, il me fut permis de publier pour la première fois un inventaire exact de ces documents (Bull. de la Soc. d'Hist. du Protest. franc., Xll, 465).

Lorsque, en 1869, M. Mérimée et M. Jouaust eurent formé le projet de donner une nouvelle édition des Tragiques, je fus prié par eux de voir, dans un voyage que je faisais alors à Genève, s'il me serait possible de leur procurer une révision du texte imprimé, faite sur le manuscrit de Bessinges. L'autorisation me fut gracieusement accordée et, comme je n'avais pas le loisir d'en profiter moi-même, M. Theremin voulut bien, avec une rare obligeance, se charger d'accomplir cette tâche longue et minutieuse. Il s'en est acquitté avec un soin et une promptitude dont nous ne saurions assez le remercier.

Dès le mois d'avril 1870 on put mettre sous presse, et M. Mérimée, qui réservait ses annotations pour la fin, avait déjà reçu de M. Jouaust les cinquante-six premières pages du présent volume, lorsque le fléau d'une guerre insensée vint tout à coup précipiter notre pays dans l'abîme des barbaries et des calamités. C'en était donc fait pour longtemps de semblables travaux. Cedat toga armis!... M. Mérimée, déjà bien malade, quitta Paris le 11 septembre, pour gagner Cannes, où sa santé l'obligeait à chercher chaque hiver un refuge. Ses jours étaient comptés, et il ne se faisait

  1. C'est ce que nous avait affirmé M. Sayous, qui d'ailleurs connaissait ces papiers, ayant été exceptionnellement admis à les consulter.