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LIVRE SEPTIÈME

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JUGEMENT




Baisse donc, Eternel, tes hauts cieux pour descendre,
Frappe les monts cornus, fais-les fumer et fendre.
Loge le pasle effroy, la damnable terreur,
Dans le sein qui te hait et qui loge l’erreur ;
Donne aux foibles agneaux la salutaire crainte.
La crainte, et non la peur, rende la peur esteinte.
Pour me faire instrument à ces effects divers,
Donne force à ma voix, efficace à mes vers ;
A celui qui t’advoüe, ou bien qui te renonce.
Porte l’heur ou malheur, l’arrest que je prononce.
Pour neant nous semons, nous arrousons en vain,
Si l’esprit de vertu ne porte dans sa main
L’heureux accroissement. Pour les hautes merveilles,
Les Pharaons ferrez n’ont point d’yeux, ni d’oreilles,