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LE DROIT POUR LES FEMMES DE PÉTITIONNER

avec une subtilité d’imagination que nous ne voulons pas lui contester, la demoiselle Hubertine Auclert, réduisant habilement ses prétentions à une classe spéciale de femmes, sollicite l’exercice des droits politiques pour les veuves et les célibataires dont les intérêts ne sont, dit-elle, représentés par personne : elle espère ainsi, par une argumentation spécieuse qui ne manque pas d’une certaine valeur, faire admettre le principe cher à ses rêves, mais qui, une fois introduit dans la législation, ne manquerait pas d’y prendre une dangereuse extension ».

« En effet, si ces arguments prévalaient, il faudrait étendre les mêmes droits à toutes les femmes qui, pour des causes diverses, sont privées de quelqu’un pouvant représenter leurs intérêts. La commission ne veut pas s’appesantir sur les graves inconvénients qu’entraînerait une telle innovation. »

Au Sénat M. de la Sicotière, rapporteur, dit : « Tout en imitant la courtoisie dont l’autre chambre a toujours fait preuve à l’endroit de la pétitionnaire, nous avons le regret de ne pouvoir vous proposer que l’ordre du jour.

« Après les veuves et les célibataires, toutes les affranchies de la tutelle maritale réclameraient l’exercice des droits civiques et par la brèche ainsi ouverte, toutes les femmes finiraient par passer. »

Les journaux trouvèrent cette pétition très juste. — « On ne peut, dit le Figaro, alléguer d'autres raisons que le préjuge contre le vote des femmes céliba-