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LES FEMMES SONT LES NÈGRES

Aux Indes, soixante-douze mille électeurs indigènes ne parlent pas notre langue, ne subissent pas nos lois, ne sont pas contribuables, cependant ils votent, alors que les Françaises, qui fournissent la moitié des budgets et facilitent aux hommes, par leur habileté économique, le moyen d’apporter dans les caisses publiques leur quote-part, sont exclues de l’électorat.

Le pas donné aux nègres sauvages, sur les blanches cultivées de la métropole, est une injure faite à la race blanche.

Les hommes de couleur sont chez nous bien plus favorisés que les femmes.

Pour les Français, les vrais nègres ne sont pas les noirs, ce sont les femmes qui, partout, peinent et souffrent à leur place.

Comme pour jouer le rôle de nègre, il ne faut pas avoir qualité pour demander le remaniement du pacte social faisant une si anormale répartition des droits et des devoirs, la femme, naturellement, est privée du bulletin de vote.

Les hommes qui se sont préoccupés de faire en nos possessions lointaines, du suffrage une réalité pour les nègres, se sont contentés, en France, de changer la signification des mots, d’appeler : souveraineté du pays, la souveraineté des hommes, qui sont le sexe-minorité, en ce pays.

Cette mise en parallèle de nègres à moitié sauvages, sans charges ni obligations, votant, et de femmes civilisées, contribuables et point électeurs, démontre sura-