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LE VOTE DES FEMMES

Les hommes ont immédiatement prouvé leur reconnaissance, en baptisant une avenue de Carmaux, « avenue Dimbour. » Tandis qu’avec la meilleure volonté, les femmes qui ne sont ni conseillères municipales, ni députées, n’auraient pu donner à une rue le nom de leur bienfaitrice.

Pour avoir part aux libéralités, des partantes, il faudrait que les femmes puissent répartir la gloire fugitive. Or, pour atteindre à ce pouvoir distributif, il est justement indispensable qu’elles reçoivent beaucoup de dons… Qui est-ce qui tirera le féminisme de cette impasse ?

— Les Françaises, ont à la fois la fortune et l’amour de la liberté. Le cadastre atteste qu’elles possèdent la plus grande partie de la propriété terrienne, pendant que la statistique apprend que, par esprit d’indépendance, beaucoup de femmes riches se refusent au mariage.

Eh bien, parmi les millionnaires de France, n’est-il donc point de dames ou de demoiselles qui aient l’ambition de remplir le monde de leur renommée, de donner leurs noms aux places publiques, de s’assurer d’être perpétuellement honorées et glorifiées ; qu’aucune encore n’est venue dire : — Je veux être la rédemptrice de mon sexe ? Voilà des millions pour payer la lime briseuse de chaînes qui procurera aux femmes la liberté ?

Les Françaises sont admirables de dévouement, beaucoup sacrifieraient avec enthousiasme leur vie