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LE VOTE DES FEMMES

et Françaises la faculté de matérialiser leur volonté d’être heureux et libres.

C’est de peur de ne pouvoir faire parler comme on veut le suffrage rendu conscient en même temps qu’il deviendrait universel, que l’on écarte des affaires publiques cette force nationale, la femme.

Ce ne sera qu’en unifiant la condition de l’homme et de la femme que l’on unifiera la manière de voir des Français.

Dire à la Française, de cesser d’être coquette, sans lui donner le moyen d’améliorer son sort en votant, c’est la maintenir en une immobilité mentale qui paralysera la marche en avant.

La femme doit voter, car il n’y a place au soleil de la République que pour qui dispose d’un vote. Et, ce ne sont pas seulement les femmes, c’est la nation entière qui souffre de l’annulement politique des Françaises.

Les hommes n’ignorent point cela ; cependant, à quelque parti qu’ils appartiennent, réactionnaires et républicains, ils sont d’accord pour faire envisager le vote des femmes comme un danger public.

En notre France qui garde l’empreinte monarchiste de la loi salique, le fantôme de la femme politique est aussi redouté que le spectre rouge. Ce ne sera, cependant, qu’à l’aide de celle-ci que l’on pourra triompher