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LE VOTE DES FEMMES CÉLIBATAIRES

C’est que ces femmes-là sont des majeures devant le devoir public et que l’on ne peut contester leur droit.

Ce droit des célibataires, les hommes l’appellent même parfois au secours de leurs privilèges ; seulement, après qu’ils ont proclamé qu’il est indispensable que les veuves et les filles majeures aient des mandataires, ils leur disent qu’elles auraient l’esprit bien étroit si elles croyaient qu’elles ont besoin de voter pour être représentées à la Chambre.

Demander de concéder d’abord le suffrage aux femmes qui ont les qualités requises pour le posséder, ce n’est pas transiger, c’est adapter le droit à l’aptitude.

Quand on a donné l’électorat consulaire aux commerçantes, quand on a accordé l’électorat et l’éligibilité aux conseils départementaux d’enseignement et au conseil supérieur de l’instruction publique, aux institutrices, on a adapté le droit à l’aptitude.

Les épouses sous la tutelle de leur mari, qui ne seront pas provisoirement comme les femmes majeures aptes à exercer leurs droits politiques, ne se croiront pas plus déchues que les dames qui, n’étant ni commerçantes, ni institutrices, ne peuvent de celles-ci partager les privilèges.

Les hommes sont-ils devenus tous à la fois electeurs ? — Non. Avant que le suffrage soit pour eux