Page:Auclert - Le vote des femmes, 1908.pdf/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
VOUS ÊTES CLÉRICALES

Ceux qui excommunient les Françaises de la vie publique, entendent substituer au déïsme, le masculinisme.

– Femmes ! disent-ils, ne croyez pas à l’infaillibilité du pape, mais admettez sans discussion l’infaillibilité de l’homme !

Ce sont surtout les femmes malheureuses en ménage qui s’adonnent au mysticisme. Cela m’a été tant de fois démontré, que dès qu’un citoyen me confie que sa compagne légitime ou illégitime, tombe dans la religiosité ou l’occultisme ; avec la certitude d’avoir devant moi un coupable, je lui demande aussitôt : – Qu’avez-vous fait à votre femme ?

Pendant qu’elles sont les embastillées des codes, s’occuper de l’opinion des femmes, c’est comme si l’on s’occupait du chemin qu’un prisonnier prendra quand il aura brisé ses chaînes. Tous les délivrés de l’oppression courent du côté où ils voient le plus de liberté.

On arrête le progrès en laissant à la loi l’empreinte cléricale qui lui fait inférieuriser le sexe pour lequel les pères de l’Église avaient une haine contre nature.

Ainsi que saint Jérôme et saint Cyprien, qui mutilaient leurs corps pour s’abstenir de s’avilir avec la femme impure, les législateurs libres-penseurs mutilent le corps social, retranchent la moitié de ses membres, pour s’épargner l’impur contact féminin.