Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

font signe à la sybille de monter chez elles. Celle-ci après nombreuses invocations, examine leurs mains et leur fait des prédictions que le hasard se plaît quelquefois à sanctionner.

Les Aïssaouas, ces mangeurs de fer rouge et de verre pilé qui épouvantent et stupéfient les habitués des cafés Maures, des villes du littoral en jonglant avec la vipère à cornes dont la piqûre est foudroyante, sont le plus souvent accompagnés de négresses jeunes et jolies et de vieilles gonzana à la mâchoire édentée, au nez bourré de tabac qui disent à chacun sa bonne aventure.

Les prédiseuses d’avenir vont par groupe de trois ou quatre. Des hommes les arrêtent au passage et là, en pleine rue, elles leur annoncent ce qui doit leur arriver. Pauvreté ou fortune, vie ou mort, malheur ou succès en amour !… Tout cela débité dans un langage pittoresque, souligné de force gestes.

Chacun de rire, elles, en bonnes filles rient aussi ; elles touchent leur dû et vont gaiement à la recherche de nouveaux clients.