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Cependant, n’est-ce pas pour les gazelles que l’on a créé, au quatrième étage de tant de maisons d’Alger, ces terrasses, vrais jardinets suspendus, dont les tonnelles embaument le chèvre-feuille ? Mais que sont quelques mètres carrés pour des êtres qui n’ont pas trop pour bondir de l’immensité du désert ? Ceux qui les y séquestrent subissent bientôt le châtiment de leur crime, en les voyant à l’apogée de la grâce, de la gentillesse, de la familiarité, mourir !

Captivés par ces séductrices du désert, nous avons pendant un séjour dans le sud Oranais, élevé trois gazelles : Mina, que sa haute taille nous a forcé de confier à des amis, Ali et Yzette, couple ravissant que nous avons amené à Alger, pour de là le transporter en France. Notre petite gazelle mâle baptisée Ali qui souriait en montrant ses dents avait de suite été familière et caressante.

Ali se dressait droit sur ses pieds de derrière en appuyant ses pieds de devant à ma ceinture, et il articulait des sons semblables au zézaiement d’un enfant ; ce qui faisait dire que j’avais une gazelle qui parlait.

Yzette était, comme beauté et intelligence, la perfection de sa race. Quand on me l’apporta, toute petite, son poil était une soie, ses jambes des allumettes ; avec cela des yeux immenses, rayonnants ! Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Émerveillée,