au-dessus de la portée d’un enfant de son âge, et il m’a répondu avec le même aplomb.
« Mgr Plessis n’était pas homme à laisser enfouie une telle perle sans la cueillir ; il fit venir le jeune Vallières, et sut de lui qu’il était né dans la ville de Québec, mais que son père ayant laissé cette ville pour le Haut-Canada, je crois, il y avait été élevé, que sa mère ayant convolé en secondes noces après la mort de son père, son oncle M. ……, citoyen de la basse-ville de Québec, l’avait accueilli chez lui. L’éminent Prélat l’interrogea à son tour et éprouva le même étonnement que son vicaire, aux questions qu’il lui faisait. L’enfant répondit souvent : J’ai lu ceci dans tel auteur.
— Tu aimes donc la lecture ? fit le prélat.
— Je lis tout ce qui me tombe sous la main, fut la réponse.
— Mais tu me cites des auteurs anglais, aussi bien que des auteurs français. Quel commencement d’instruction as-tu reçue ?
— J’ai été à une petite école dans le Haut-Canada, où j’ai appris à lire l’anglais.
— Et le français ?
— J’ai appris à le lire sans l’aide de personne : c’était chose facile à celui dont la langue maternelle était la langue française.
— Que vas-tu faire maintenant ?
— Mon oncle n’est pas riche ; il a une nombreuse famille, il va me mettre commis chez un épicier, s’il peut me trouver une place.
— Aimerais-tu à faire des études ?
— Ah ! oui, Monseigneur, c’est là toute mon ambition.
— Je vais parler à ton oncle dès aujourd’hui et demain je le donnerai les premières leçons de langue latine.
« Dix-huit mois après Vallières savait le latin ! Oui, savait le latin ; il lisait non seulement avec la plus grande facilité les auteurs classiques, mais même parlait la langue de Cicéron avec élégance et facilité. En voici une preuve.