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En conclusion, nous dirons que, malgré ses défauts, Louis-Joseph Papineau a été pendant un quart de siècle l’homme le plus en vedette au pays. Ce grand citoyen a tenu durant la première moitié de sa carrière politique un rôle éminent, et peu d’hommes en aucun pays ont joui d’une aussi grande popularité. S’il eut eu plus de modération, plus de diplomatie, il eut obtenu plus de succès en politique. Papineau est et demeurera néanmoins une des grandes figures politiques du Canada français ; son nom restera gravé dans la mémoire de ses compatriotes qui lui pardonneront ses imperfections en raison des services inappréciables qu’il a rendus à la cause canadienne, et pour le nouveau lustre qu’il a ajouté à la gloire des ancêtres.

La biographie qui précède était écrite depuis plusieurs années lorsque Nova Francia, revue d’histoire du Canada publiée à Paris,[1] nous apporta un jour deux lettres de M. E. de Pontois, ambassadeur de France aux États-Unis, adressées au comte de Molé, ministre des Affaires Étrangères, relatives à Papineau et à la rébellion de 1837-38. Il va sans dire que nous les avons lues avec autant de plaisir que d’étonnement. Comme on le verra par les extraits que nous en donnons ici, ce noble et distingué diplomate porte sur Papineau le même jugement que nous. M. de Pontois n’étant ni Anglais ni Canadien pouvait voir la situation telle qu’elle était en réalité et porter sur le chef de la rébellion un jugement tout à fait désintéressé. Nous sommes donc en bonne compagnie.


Direction politique 9 7bre Montréal le 9 août, 1837.

No. 14-31


Monsieur le Comte

20 À la première nouvelle de l’adoption des résolutions dont je viens de parler, l’agitation s’est manifestée dans le Pays, de nombreux et fréquens rassemblemens, provoqués par les Organes de l’opposition, ont eu lieu dans les villes et dans les campagnes, et des proclamations d’un caractère violent et séditieux ont été adressées au Peuple. Je crois pouvoir dire, avec connaissance de cause, que ces troubles ne sont pas nés d’un mouvement national et spontané, et qu’ils ont été préparés à l’avance par les Chefs du parti Canadien de concert avec leurs amis du Parlement tels que

  1. Année 1928-29