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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/187

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mauvaises mœurs. Un jour, à Chenac, il fait descendre de chaire un jacobin qui prêchait sur les prières dues aux morts. Le père et le fils, arrêtés, furent emprisonnés, le 8 janvier 1546, à la conciergerie de Bordeaux. Après six mois, on relaxa le père ; le fils ne fut mis en liberté qu’au mois de décembre, après avoir été condamné à payer cent livres d’amende et à entendre en l’église de Chenac un sermon sur le purgatoire. La somme était forte ; mais le sermon était excellent. Car le parlement de Bordeaux avait poussé la gracieuseté jusqu’à lui envoyer « un notable prescheur. »

Maître Jean Frèrejean se tint coi un moment. Mais bientôt avec son père il se remit, discrètement cette fois, à semer la doctrine de Calvin. Voilà même qu’un jour le seigneur du lieu, Gabriel de la Mothe-Fouquet, qui voulait, l’épée en main, pénétrer dans une réunion tenue contre ses ordres, s’étant vu refuser la porte par le père Frèrejean, fut si ému, raconte M. Crottet, que deux ou trois jours après il était, non pas décédé de mort violente, comme le témoin d’Arvert, le dévot Arquesson de Saint-Just ou le prévôt de Cognac, mais bel et bien converti au protestantisme. Il y convertit sa femme Susanne, fille de François Bouchard, vicomte d’Aubeterre, seigneur de Saint-Martin-de-la-Couldre, et manda pour prêcher Charles Léopard, ministre d’Arvert. L’audacieux Léopard s’empara du temple catholique et constitua l’église de Saint-Seurin. Le tabellion et garde-notes, maître Jean Frèrejean fut élu diacre.