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POVRETÉ EMPESCHE LES BONS ESPRITS DE PARVENIR.

Elle fait songer aux vers de Juvénal, satire III :

Haud facile emergunt, quorum virtutibus obstat
Res augusta domi.

« Ce n’est pas facilement qu’ils s’élèvent, ceux dont le mérite trouve pour obstacle la pauvreté[1]. »

La Récepte véritable, volume in-12 d’une centaine de pages, dont le titre énonce clairement le contenu, était certainement écrite quelques années avant sa publication. Elle doit avoir été retouchée sous l’in-

  1. De cette légende on a fait la devise de Palissy, et son emblème de cette marque d’imprimeur. Mais ni l’une ni l’autre ne lui appartiennent. Elles ne sont pas davantage à Barthélemy Berton. Celui-ci se les était tout bonnement appropriées. Le véritable inventeur reste encore inconnu. Cette marque figure sur les Emblèmes d’Alciat, édition de 1555, antérieure par conséquent de huit années à la publication Aunisienne. L’exemplaire que j’ai eu entre les mains est de 1589. Au chapitre Emblema CXX, page 433, on lit ce titre :

    Paupertatem summis ingeniis obesse ne provehantur,

    dont la traduction exacte est :

    Pauvreté empêche les bons esprits de parvenir ;

    puis ces deux distiques qui sont la description de la figure :

    Dextra tenet lapidem ; manus altera sustinet alas ;
    Ut me pluma levis, sic grave mergit onus.
    Ingenio poteram saperas volitare per arces,
    Me nisi paupertas invida deprimeret.

    Vois ! aile à ma main gauche ; à ma droite, une pierre !
    L’aile m’emporterait ; le poids m’attache à terre.
    Je voudrais jusqu’au ciel m’élever ; mais en vain :
    La dure pauvreté m’accable sous sa main.

    J’ai constaté cette marque à la fin du tome Ier (page 365) de l’Histoire universelle du sieur d’Aubigné, imprimé à Saint-Jean-d’Angely avec la marque de Maillé « par Jean Movssat, imprimeur ordinaire du dit sievr, » en 1616. M. B. Fillon la signale avec la devise : Spes sola dat viresL’espoir seul donne des forces, — au revers de la médaille de Jérôme de Villars, archevêque de Vienne, de 1601 à 1625, et sur un plat à relief de la fin du seizième siècle, provenant de la collection de madame de la Fayette.