Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/232

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réservoirs spéciaux où des fosses disposées ad hoc, le purin des étables et les eaux des fumiers ; ils en connaissent tout le prix. Mais dans combien de nos villages ne voit-on pas ces cloaques infects, ces mares fangeuses et stagnantes, où vont s’amonceler les débris du ménage et les litières des animaux, et d’où s’exhalent des miasmes fétides et empestés, foyer permanent d’épidémies et d’épizooties ! L’exploitation des forêts, la coupe des arbres l’occupent, et ici je ne résiste pas au désir de citer quelques lignes remarquables et par le style et par le sentiment.

« Va, dit-il (page 26), va à vn chirurgien et luy fay vn interrogatoire, en disant ainsi : Maistre, il est advenu à ce iourd’huy, que deux hommes ont eu chacun d’eux vn bras couppé, et y en a vn d’iceux à qui on l’a couppé d’vn glaive tranchant, d’vn beau premier coup tout nettement, à cause que le glaive était bien esguisé ; mais à l’autre, on luy a couppé d’une serpe toute esbrechée, en telle sorte qu’il luy a falu donner plusieurs coups, devant que le bras fust couppé : dont s’ensuit que les os sont froissez et la chair meurtrie, et lambineuse, ou serpilleuse à l’endroit où le bras a esté couppé. Ie vous prie me dire, lequel des deux bras sera le plus aisé à guérir. Si le Chirurgien entend son art, il te dira soudain, que celuy qui a eu le bras couppé nettement par le glaive tranchant est beaucoup plus aisé à guérir que l’autre. Semblablement ie te puis assurer qu’vne branche d’arbre couppée par science, la playe de l’arbre sera beaucoup plus tost guérie que non pas celle qui par violence sera inconsidérément froissée. »