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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/256

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instants carrière à ses goûts favoris, elles songea activement au palais des Tuileries, son œuvre de prédilection. Elle se souvint de Palissy, sans doute sur la recommandation nouvelle ou du connétable, ou du duc de Montpensier, ou peut-être du chancelier de l’Hospital qui avait pu connaître Palissy à Saintes. Le potier fut mandé à Paris. Cette année même, 1566, ou au plus tard au commencement de 1567, il quitta pour toujours la Saintonge où il avait pensé finir ses jours. Il laissait la province illustrée par le long séjour qu’il y avait fait, par la découverte de l’émail, trouvé enfin au prix de tant d’efforts, de déboires qu’il y avait essuyés. Il laissait son cher secret, qu’il cachait si soigneusement, le secret de ses faïences, avec les ouvriers qui l’avaient aidé dans son œuvre et qui, privés de l’influence fécondante du maître, firent promptement dégénérer et périr son art merveilleux ; il y laissait un très-grand nombre de pièces rustiques qu’on rencontre encore çà et là religieusement conservées par des familles, pour ainsi dire, autochthones, et fabriquées toutes avec cette terre de Saintonge qui devait porter sa statue. Il laissait la contrée ravagée par ses coreligionnaires, foulée aux pieds des combattants, divisée par deux ennemis irréconciliables, toujours prêts à s’égorger. Dans son voyage de Saintes à Paris par le Poitou, il put voir les églises ruinées, les champs incultes, les paysans en armes, les villes fermées et gardées militairement. Il put entendre le cris de désolation poussés par les habitants. Partout l’image de la guerre civile et les signes hideux dont elle marque son passage.