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M. Anatole de Montaiglon a voulu voir là la célèbre grotte de Palissy aux Tuileries. Il nous est impossible de partager ce sentiment. D’abord c’est une fontaine, fons, non une grotte. Puis, il y a des nymphes, des faunes et des animaux qu’un potier a façonnés dans l’argile, ex opere figulinario. Mais, où est le vernis polychrome qui caractérise les rustiques figulines ? L’émail appliqué aux lézards, aux serpents, aux grenouilles, aux êtres infimes de la création, était alors si nouveau, que les voyageurs suisses n’eussent certainement pas manqué de s’émerveiller, eux qui s’extasiaient sur l’art admirable, miro artificio, qui a formé le labyrinthe et construit les fontaines. Enfin, nous sommes en 1555, et 1557 au plus tard. Déjà l’ouvrage abandonné menace ruine. À quelle époque maître Bernard l’aurait-il fait ? En 1563, il prie Catherine de Médicis de l’employer à la décoration de ses jardins, et il parle des commandes du Connétable. S’il eût à ce moment travaillé déjà pour les Tuileries, il se serait empressé de le rappeler. Ce n’est qu’après 1566, date de la fondation du château, que la reine mère songea vraiment à orner le jardin. Il est à croire que la fontaine, déjà en ruine vers 1557, aura été remplacée par la grotte émaillée. En tous cas elle ne peut être cette grotte elle-même.

Mais Palissy n’a point seulement fait des grottes pour Écouen et les Tuileries. Les grands seigneurs