Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/312

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jaspe semé de fraises, dont il paraît faire fort peu de cas, tant il se trouve mal à l’aise dans sa cage de balustres ornés de fleurs artificielles ou de festons godronnés. »

Un plat que possède à Saintes M. le comte de Clervaux et qui, dit-on, servit à la cène des calvinistes, montre le portrait de Henri IV avec les armes de France et de Navarre, mais sans le plus petit animalcule. Les bords sont garnis de médaillons.

D’autre part, Palissy continue à emprunter ses sujets aux maîtres italiens ou français ; il surmoule « tableaux et verres, peintures et orfèvrerie ; » tout lui est bon. Son originalité s’altère. Après la découverte de l’émail, son mérite, c’était d’avoir créé les rustiques figulines. En y renonçant, il perd une partie de son génie. Sans doute, il trouvera encore d’heureuses inspirations, il aura des éclairs ; mais se condamner à l’imitation, c’est s’avouer inférieur, c’est descendre.

À cette époque, il devient plus difficile que jamais et de plus en plus délicat de trier les œuvres de Palissy et celles de ses imitateurs. Aussi les experts, les connaisseurs, les érudits ne s’entendent-ils pas. Au milieu d’opinions contradictoires, en l’absence de preuves authentiques, un classement est une besogne ingrate et scabreuse. D’abord, toute terre émaillée fut regardée comme étant de maître Bernard. Puis, quand la défiance eut été éveillée par l’attribution mensongère de quelque production apocryphe, on ne garda plus de mesure ; on voulut lui enlever tout son bagage artistique. Il faut