Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

formé. Ses facultés naturelles s’y sont développées au contact de mœurs différentes, à la vue des accidents divers de la nature, comme la pépite d’or que la main du mineur tire des entrailles de la terre et fait briller aux regards enchantés.

Il partit, comme partent les ouvriers, légers d’argent, riches d’espoir, avides de voir et de connaître. On marche un peu à l’aventure, sans aucun souci du lendemain. Dieu est grand ; la terre est vaste ; on a deux bons bras. La jeunesse sait si bien dorer l’avenir ! Les lueurs éclatantes voilent les difficultés de la route et les misères du présent. Qui doute ? en a-t-on le temps ? Chaque jour apporte son travail, quelque chose à apprendre et des merveilles à admirer. Tel nous aimons à nous représenter Palissy parcourant la France, en gagnant le pain de chaque jour. C’est le désir de connaître qui le guide ; c’est aussi l’instinct de la jeunesse qui le pousse.

À la même époque, un autre savant, moins recommandable, mais esprit aussi curieux que Palissy, Théophraste Bombast de Hohenheim, né en 1493, à Einsiedeln, dans le canton de Schwitz, parcourait l’Allemagne en guenilles. C’est celui qu’on connaît sous le nom de Paracelse, qu’il prit selon la mode du temps pour indiquer qu’il voulait aller plus loin que ses contemporains et ses devanciers. Maître Bernard s’est moqué, dans le traité de l’Or potable, de ses prétentions thaumaturgiques, de ses extravagances médicinales, et de ses fourberies thérapeutiques. Mais alors tous deux faisaient de même. C’est l’esprit du seizième siècle qui les poussait ainsi à leur