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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/356

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mon langage rustique que mensonge en vn langage rhétorique. »

Des conférences publiques furent le mode que choisit le potier-orateur pour développer ses idées et faire connaître ses théories. C’était une innovation renouvelée des Romains. M. Désiré Nisard, dans son livre si érudit et si spirituel à la fois, Études sur les poëtes latins de la décadence, tome I, en a montré l’origine et la décadence[1]. L’institution fleurit aussi en Grèce. Chez un peuple intelligent et artiste comme les Hellènes, où la parole avait gouverné la république, sophistes et rhéteurs étaient écoutés et applaudis. Le temps n’était plus des Démosthènes, des Platon, des Thucydide. Mais leurs indignes successeurs font à leurs contemporains dégénérés du haut d’une estrade transformée en tribune, des cours de politique, de morale et d’histoire, sans en connaître le premier mot, et ils s’en vantent. À Rome, on lisait. À Athènes, on improvise. La lecture est conférence. Mais quels sujets ! Le panégyrique d’une ville, d’un dieu, d’un homme ; un discours de Démosthènes, de Miltiade, du roi de Perse ; l’éloge de la calvitie, de la marmite, du perroquet ; l’apologie de Phalaris ou de Tersite. Toutes les villes ont leurs orateurs, la Grèce, l’Asie Mineure, la Libye, l’Égypte. De là, le fléau passe en Italie. Il sévit sous les Antonins. La curiosité pousse la foule. Les diseurs font assaut d’esprit, et aussi

  1. On me permettra de renvoyer à un travail sur le même sujet publié dans la Revue de Paris ; n° du 1er juillet 1866 et suivants — Voir aussi, dans le Correspondant du 25 décembre 1866, les Lectures et conférences publiques dans l’antiquité, par M. H. Bethune.