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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/399

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perdu leur sel ont perdu leur vertu, et ne peuvent plus servir à la lessive. Il en est ainsi du salpêtre. On l’extrait par un procédé semblable ; et les cendres et la terre qui restent sont rejetées comme inutiles. Le tanneur met et laisse quelque temps son cuir entre deux couches d’écorces de chêne séchées ou pulvérisées. Le tan, après cette opération, n’est plus bon qu’à faire des mottes pour le chauffage, et encore les cendres n’en valent-elles rien. Pourquoi ? c’est que le sel que contenait l’écorce s’est dissout et a passé dans le cuir, qu’il conservera. C’est l’écorce qui contient le plus de sel ; n’est-ce pas le sel, le nitre et les plantes aromatiques qui préservent les momies d’Égypte, depuis tant de siècles, de la putréfaction ?

Et savez-vous les propriétés du sel ? Il blanchit, durcit, consume, mastique toutes choses, assemble et lie les matières minérales, donne saveur à tout, voix aux animaux comme aux instruments de musique, réunit les cailloux pulvérisés qui formeront le verre. Il fait végéter et croître toutes les semences. Un champ épuisé devra être laissé en jachère jusqu’à ce que les pluies ou les nuées lui aient rendu quelque sel, ou bien il faudra le fumer. Le fumier n’engraisse la terre que par les sels qu’il contient. Laissez-les s’évaporer au soleil, comme on le fait par insouciance, ou dissoudre par les pluies, vous aurez un résidu infécond. Mais la place où il aura été mis et lavé par l’eau du ciel, produira un blé bien plus beau. Ce n’est donc pas le fumier lui-même qui nourrit les plantes, mais les sels qu’elles lui empruntent dans le sol.