Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/417

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matériaux l’homme emploie et détruit ; comptez les mètres cubes de pierre qu’il faut pour construire une ville comme Paris ! On est effrayé de la masse prodigieuse de briques et de moellons entassés.

Nos habitations s’usent vite par la désagrégation lente des matériaux qui forment les murs. C’est la lune qui mange les pierres, dit le peuple, ou qui ronge les nitres, selon le mot que cite ailleurs Palissy. L’air en dévore encore davantage. J’ai vu sur les bords de la mer l’église de Talmont-sur-Gironde corrodée comme par les dents d’un rongeur. En tous cas, comme le remarque consolamment le savant ingénieur Forest de Bélidor, puisque la terre et la lune exercent sur elles-mêmes une action réciproque, notre planète, étant plus grosse, doit plus absorber de pierres que la lune. Nous ne perdons donc pas beaucoup de matériaux.

Après tout, calculez avec Palissy les pierres consumées par la gelée, les vents, la pluie, employées pour les fours à chaux et les bâtisses ; ajoutez-y la perte qui se fait tous les jours sur toutes les montagnes parsuite de l’érosion de l’atmosphère, des stries des avalanches et de l’usure des éboulements ; entassez les matériaux de toutes les maisons, de toutes les villes et de tous les villages de l’univers entier ; que sera-ce que cet amas ? Un point à peine perceptible dans l’ample sein de la nature, comme parle Pascal. Multipliez même cette quantité par toutes celles qui ont pu être déposées depuis l’origine du monde ; aurez-vous quelque chose d’appréciable au prix de ce qui est ?