Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/450

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suit. Le plan n’est pas toujours bien arrêté ; il vagabonde de temps en temps. Mais comme l’enfant à l’école buissonnière, s’il fait un détour, c’est pour courir après une plante rare ou un insecte merveilleux. Suivez-le ; cette excursion sera profitable, et peut-être en prenant le sentier fleuri, ne vous serez-vous peut-être pas bien éloigné du chemin direct.

En convainquant par la force du raisonnement, Palissy pénètre par l’énergie, et charme par une certaine naïveté. C’est un homme de la nature. Il a vécu au milieu de la campagne. Il en a rapporté un certain parfum bienfaisant, comme l’odeur suave des foins coupés ou les balsamiques émanations des chèvrefeuilles et des clématites. De plus, la foi lui a fait voir dans la création la main d’un Dieu miséricordieux et puissant. Homme des champs et chrétien convaincu, s’il écrit, vous devez retrouver dans ses paroles l’admiration de la nature et l’amour de Dieu. Ajoutons qu’il était peintre. De son métier il transporte quelque chose dans son art. À chaque page on sent cette tendresse pour les objets inanimés, les fleurs, les plantes. Virgile n’a pas plus d’affection pour ces pauvres animaux qui meurent de la maladie, oiseaux à qui l’air même est funeste, jeunes taureaux qui rendent leur âme innocente devant la crèche pleine :

Dulces animas plena ad præsepia reddunt.

Qu’on se rappelle les lignes où Palissy parle de cette branche toute froissée, toute meurtrie par la serpe ébréchée, et qui ressemble au bras de l’homme qu’un chirurgien maladroit vient d’amputer.