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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/454

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l’ardeur, ils ne virent pas on ils allaient, et qu’en appelant Philippe II comme contre-poids à Élisabeth et aux princes allemands, ils se préparaient un maître redoutable dont ils auraient eu autant à souffrir que les huguenots. Aussi, tout en approuvant leurs bonnes intentions, faut-il reconnaître leurs erreurs, blâmer leurs fautes et flétrir leurs crimes.

À chaque entreprise des huguenots, à chaque démarche intempestive de Henri III, la Ligue répond par un redoublement d’ardeur et d’imprécations, et s’accroît avec le danger. Condé revient à la Rochelle en janvier 1586 escorté d’une escadre anglaise et nanti de l’or d’Élisabeth. Théodore de Bèze parcourait les États germaniques et amenait les luthériens d’outre-Rhin au secours des calvinistes de France. La Ligue accepte les secours de Philippe II, et puise à pleines mains dans ses coffres. Ce fut bien autre chose quand Élisabeth eut fait condamner Marie Stuart, le 26 octobre 1586, et qu’elle eut prouvé, en tranchant la tête de sa rivale (18 février 1587), que devant l’assassinat juridique la majesté des rois n’était pas plus inviolable que devant le poignard des sicaires. On accusa le roi de Navarre, le prince de Condé, les chefs du parti d’avoir répondu par un conseil de mort à la demande d’avis d’Élisabeth, et l’on eut raison : car d’Aubigné, l'historien protestant, le raconte et dit : « Je suis certain de ces choses-là. » L’animadversion contre Henri III était si violente qu’on lui fit aussi un crime de ce meurtre, bien qu’il eût essayé de l’empêcher.