Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/456

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une cousine, l’obligea à s’enfuir. Il vint à Paris. Là, reconnaissant ses erreurs, il rentra dans le sein de l’Église romaine. Ses talents, son éloquence, son repentir lui valurent la protection des Guises. Il fut nommé chanoine de Saint-Gervais, à Soissons. Par ses prédications, il entraîna cette ville dans le parti de la Ligue. Pour récompenser son zèle, ses protecteurs le firent venir à Paris. Il avait besoin de zèle pour faire oublier son passé ; il ne s’y épargna pas. Avec Jean Compans, marchand drapier, un des échevins de Paris après la journée des Barricades, qui, comme lui, avait abjuré le protestantisme, il devint un des plus ardents persécuteurs des huguenots. Bernard Palissy fut malheureux de se rencontrer sous sa main. Il demandait instamment qu’on le conduisit au supplice ; et l’assassinat du duc de Guise, en excitant les haines populaires contre les calvinistes, donnait du poids à ses prières.

L’illustre prisonnier trouva un protecteur où certes il ne l’attendait pas. Ce fut le chef de la Ligue lui-même. Le duc de Mayenne s’opposa aux impatients de son parti. Était-ce bienveillance pour le potier ? Peut-être. C’était avant tout douceur de caractère, crainte de s’attirer l’animadversion par le supplice d’un faible vieillard. En pleine Ligue, les idées de tolérance faisaient chaque jour des progrès, et un historien protestant, le fanatique Agrippa d’Aubigné, qui n’est pas suspect ici, appelle cette époque « un siècle désacoustumé aux bruslements. »

Le duc de Mayenne toutefois n’osa pas rendre la liberté au captif. Il fit ce qu’il était possible de faire ; il eut soin que le procès traînât en longueur.