Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/458

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nous avons enduré que vous ayez vécu en votre religion, parmi les feux et les massacres ; maintenant je suis tellement pressé par ceux de Guise et mon peuple, qu’il m’a fallu malgré moi mettre en prison ces deux pauvres femmes et vous : elles seront demain brûlées et vous aussi, si vous ne vous convertissez — Sire, répond Bernard, le comte de Maulévrier vint hier de votre part pour promettre la vie à ces deux sœurs si elle voulaient vous donner chacune une nuit. Elles ont répondu qu’encore, elles seraient martyres de leur honneur comme de celui de Dieu. Vous m’avez dit plusieurs fois que vous aviez pitié de moi, mais moi j’ai pitié de vous qui avez prononcé ces mots : J’y suis contraint ; ce n’est pas parler en roy. Ces filles et moi qui avons part au royaume des cieux, nous vous apprendrons ce langage royal que les Guisarts, tout votre peuple et vous ne sçauriez contraindre un potier à fléchir les genoux devant des statues. » Voyez l’impudence de ce bélître ! Vous diriez qu’il aurait lu ce vers de Sénèque : On ne peut contraindre celui qui sait mourir : qui mori scit, cogi nescit. » (Confession de Sancy) chap. VII.

Remarquons que ce passage est extrait d’un pamphlet. La Confession catholique du sieur de Sancy est avant tout une œuvre de passion extrême. Le huguenot y sacrifie impitoyablement à ses haines tout ce qui n’est pas de sa foi. Son maître lui-même, Henri IV, n’y est pas épargné d’Aubigné ; n’a d’admiration que pour les réformés. Ainsi d’une part sa licence excessive, de l’autre le travestissement des