Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De bonne heure il avait arrêté ses regards sur les forêts et compris leur importance dans l’économie générale de l’univers. Il les aime parce qu’elles sont l’œuvre du Créateur et l’ornement de la terre. Il s’indigne qu’on coupe, qu’on déchire ces hautes futaies, qu’on les arrache, sans songer au dommage qui en résultera pour l’avenir. Cette destruction est un malheur (p. 89) et une malédiction pour toute la France. Car enfin, quand tous les bois seront coupés, il faudra que « les artisans s’en aillent paistre l’herbe comme fit Nabuchodonozor. » Il n’y a pas un seul état qui se puisse exercer sans bois ; quand il n’y aura plus de bois, on devra cesser de naviguer et de pécher.

Palissy voudrait qu’on fût contraint de semer de glands, de noyers, de châtaigniers, certaines parties de la terre, ce qui serait un bien public et un revenu considérable. On ne verrait pas ici les gens se chauffer avec les excréments de bœuf desséchés, là faire bouillir leur pot avec de la paille. Nos grands, dit-il, « mangent leurs revenus à la suite de la cour en bravades, despenses superflues, tant en accoustrement qu’autres choses. » Qu’il leur seroit « plus utile de manger des oignons avec leurs tenanciers, et les instruire à bien vivre, monstrer bon exemple, les accorder de leurs différens, les empescher de se ruyner en procès, planter, édifier, fossoyer, nourrir, entretenir, et, en temps requis et nécessaire, se tenir prests à faire service à son Prince, pour défendre la patrie. » Ah ! cette maladie-là n’est donc pas nouvelle ! Le remède indiqué par le grand observateur du seizième