Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/482

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

variété prouve la fécondité de son esprit, en même temps que la manière dont il envisage certains sujets montre la faculté d’approfondir la connaissance des choses ; enfin la nouveauté de la plupart de ses observations témoigne de l’originalité de ses pensées. »

Bernard Palissy a cependant été plus qu’un artiste, et qu’un savant, il a été un homme. Qu’importe le talent sans la probité ? le génie sans le caractère ? Esto vir ! Né humble, il devient grand. À force d’énergie, il se fait une place dans le monde où d’ordinaire l’intrigue et la bassesse l’emportent sur la droiture et la loyauté. Il eut un tort : fut-ce une faiblesse ? Il abjura sa religion. Au moins il ne céda à aucune honteuse passion ; l’apostasie ne lui fut pas lucrative comme à tant d’autres. Il se trompa, il fut séduit. Par une inconséquence à remarquer, le protestantisme qui pouvait être la cause de sa mort, servit, après un court malaise, à le mettre en vue et à lui apitoyer bien des gens qui devinrent ses protecteurs. Sectaire orgueilleux et malendurant, il s’attira bénévolement quelques ennuis qu’un peu de prudence et de modestie lui auraient épargnés. Son cachot à la Bastille, il le dut à quelque haine secrète qu’il avait peut-être excitée. Le malheur ne l’abattit pas. Les infortunes privées et publiques le trouvèrent au-dessus d’elles ; il les domina par sa fermeté et son courage. Le pauvre potier huguenot, bienvenu du roi, de la reine et des princes, ne s’enivra point de sa haute position. On le trouve fidèle et reconnaissant ; de nombreux amis attestent son cœur. Pieux et résigné, on le voit l’âme pleine de