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Brouage, de Brouage à Moëze, de Moëze à Soubise, de Soubise à Rochefort. L’idée qui se présente la première est que ces débris ont été jetés par les habitants de quelque maison voisine qui entassaient là les débris de leurs repas. C’est l’explication qu’adopta plus tard Voltaire, lorsqu’il faisait, au sommet des Alpes, dîner d’huîtres et de sourdons les dévots qui se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle en Espagne, ou bien tomber là précisément les coquilles dont ornait ses vêtements « cette foule innombrable de pèlerins et de croisés qui porta son argent dans la terre sainte et qui en rapporta des coquillages. » Maître Bernard était trop observateur pour persévérer dans cette erreur. Des examens répétés, des méditations plus attentives lui révélèrent la vérité. Et plus tard, il soutiendra la doctrine de la formation sur place avec toute l’ardeur d’un néophyte. Ce n’en est pas moins un spectacle intéressant que de suivre les évolutions de cette pensée qui se cherche elle-même.

À Soubise, « ville limitrophe de la mer » (page 276), aujourd’hui gros bourg sur la Charente, à 8 kilomètres de l’Océan, il voit un rocher coquillier dont il fait couper un morceau qui lui servira plus tard pour ses démonstrations géologiques. Ce rocher avait été, selon lui, et avec raison, couvert par l’eau de la mer ; la mer, en se retirant, a laissé à sec une grande quantité de poissons ; le tout, vase et poissons, s’est pétrifié. Jean-Cécile Frey, médecin suisse à Paris, dans un livre[1] (page 372), où du reste se trouvent

  1. Admiranda Galliarum, les Merveilles de France, in-8o, Paris, 1628.