Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/81

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térables. Le secret qu’allait chercher Palissy a des origines bien reculées.

Les Italiens, toutefois, ne connaissaient que l’émail à base de plomb ; Lucca della Robia, le premier en 1532, employa l’émail stannifère. Un spécimen apparaît alors au-dessus des portes de bronze du baptistère de Florence. Mais Lucca tenait tellement à son secret que, selon la légende, il en cacha la recette dans la tête d’une de ses madones « défiant en quelque sorte l’avenir de porter la main sur le chef-d’œuvre auquel il a confié son précieux dépôt. » Toutefois, ses frères et ses neveux, héritiers de son secret et de son génie, transmirent sa découverte à toute l’Italie. Partout s’élevèrent des fourneaux céramiques et des légions d’artistes qui ne les laissèrent pas chômer. Il y en a à Urbino, à Pesaro, à Faenza, d’où, selon les uns, vient le mot faïence, qui dérive mieux, selon les autres, de Faventia, Fayentia, ancienne cité romaine de César, aujourd’hui Fayence, chef-lieu de canton du département du Var. Il y en a à Pise, à Gênes, à Forli, à Naples, à Padoue, à Ferrare, à Imola. Il est bien probable que, attiré en France par la magnificence éclairée de François Ier, quelque transfuge italien sera venu chez nous fabriquer l’émail. Ainsi s’expliquerait la fameuse date de 1542, gravée avec le nom de Rouen sur un pavé émaillé du château d’Écouen. Ainsi pourrait s’expliquer cette coupe tombée providentiellement entre les mains du potier saintongeois.

Les hypothèses ne manquent pas. « Cette coupe de terre tournée et émaillée » ne serait-elle pas un