Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/117

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sol, par des surtaxes opposées à tout progrès naturel des sucres étrangers et coloniaux, et par une aveugle immunité de droits, l’industrie chancelante et artificiellement favorisée du sucre de betterave, enfin, en ne parvenant pas à l’exclure d’une participation frauduleuse à ces primes d’exportation dont la faveur imprudente s’est bientôt élevée d’une évaluation première de 600,000 francs à la dépense considérable et souvent abusive de plus de 30 millions.

Accablés par ces rigueurs et par ces fautes de tarifs qui repoussaient inexorablement la quantité, la qualité et le bas prix des produits exotiques pour sauver l’usurpation d’une nouvelle culture, nos navigateurs et nos colons n’ont pu obtenir que deux restrictions tardives et insuffisantes sur ces causes multipliées de misère et de ruine, d’abord par la loi du 26 avril 1833, qui a diminué les restitutions de droits à la sortie, et ensuite par celles des 18 juillet 1837 et 3 juillet 1840, qui ont frappé le sucre indigène, d’après la base mobile et trompeuse du prix de revient, d’un impôt si lentement progressif que son taux, en 1843, était à peine parvenu à la moitié de la taxe des colonies françaises, et au tiers de la surtaxe des autres provenances.

En vain les voix les plus éloquentes, les autorités les plus graves ont-elles démontré que nous prolongions ainsi contre nous-mêmes, au dedans et au dehors, une lutte antinationale qui ruinait à la fois nos spéculateurs d’agriculture, nos industries comprimées, nos ports de commerce, nos établissements d’outre-mer, notre puissance navale et notre trésor public. Il a fallu obéir, en cette occasion, comme par une sorte de soumission habituelle, à l’influence dominatrice des opinions égoïstes et locales, trop souvent moins intelligentes et moins soucieuses de l’intérêt géné-