Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/119

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nous défendre de combattre encore avec obstination les plus grands intérêts de notre pays, en continuant un système d’affaiblissement et de destruction de nos principaux moyens d’influence au dehors et de prospérité intérieure. Mais il est toujours long et difficile d’éclairer le faux patriotisme des opinions prévenues par l’aspect des succès ou des revers d’entreprises locales où s’engage l’avenir des spéculateurs, et qui éveillent des intérêts ardents et d’aveugles sympathies dans les populations.

Cependant nous avons voulu, par une ordonnance du 10 août 1842, déployer toute la sévérité des inquisitions domiciliaires de l’exercice, afin de percevoir, autant que possible, la taxe légale la plus faible sur les fabriques privilégiées de sucre de betterave, qui, pour la plupart, ne vivaient à leur début qu’à la faveur de la fraude nous avons ainsi resserré dans un cercle beaucoup plus étroit ces usines, déjà peu nombreuses, et presque exclusivement renfermées dans la Flandre, l’Artois et la Picardie.

Mais fallait-il procéder toujours, dans une aussi pressante réforme, par des voies indirectes et impolitiques qui épuisent les forces et la patience des peuples, et qui altèrent gravement les ressources de l’Etat, ainsi que les bonnes dispositions de l’esprit public ? Pourquoi n’avoir pas mis immédiatement un terme à cette extinction irritante, lentement infligée, par une fiscalité progressive, à une industrie que nous ne faisions vivre que d’une protection exagérée, et qui semblait devoir périr de sa propre stérilité ? Pourquoi n’avoir pas arrêté le cours de ces déceptions et de ces préjudices, par la concession définitive aux fabriques existantes d’une indemnité d’expropriation d’utilité publique qui, sans doute, n’aurait pas réparé tous les maux