Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/173

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breux salaires dans les ateliers de la libre fabrication ;

Que les profits de l’industrie particulière, qui serait bientôt centralisée par de grands capitalistes, grèveraient le consommateur d’un prix plus élevé, sans lui procurer une qualité supérieure ou même égale à celle qu’il obtient aujourd’hui ;

Qu’enfin la liberté d’exploitation entraîne après elle des frais de surveillance si considérables pour le fisc et une facilité si grande pour la fraude, qu’elle équivaut presque à la suppression de l’impôt.

Les pièces authentiques qui justifient ces opinions ne laissent plus aucune incertitude dans les esprits on peut s’assurer, en les parcourant, que l’Angleterre, si souvent citée ; sans être bien connue, comme la terre classique de la liberté commerciale et industrielle, a formellement prohibé la culture du tabac dans les trois royaumes, comme elle a comprimé, à sa naissance, celle de la betterave, et qu’elle n’échappe à la contrebande la plus active sur l’entrée des feuilles exotiques, qu’à la faveur de sa position insulaire fortifiée de rigueurs fiscales que le patriotisme du pays supporte sans murmure, et qui seraient intolérables en France.

On reconnaît aussi, par des documents irrécusables, que, pendant les douze années du régime de liberté qui a existé en France, de 1798 à 1810, les consommateurs payaient plus cher et étaient plus mal servis, et que l’État recueillait à peine et à grands frais une recette de 15 millions. La régie, au contraire, est parvenue, en abaissant son prix de revient, par les puissants moyens de ses dix manufactures, à satisfaire tous les goûts pour un prix modéré qui a procuré, en 1861, au Trésor, un produit brut