Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/224

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« J’ai dès longtemps acquis la certitude que nos nouvelles tentatives seront dangereuses ou impuissantes pour le bien, sans l’assistance expérimentée, sans l’appui tutélaire de nos compatriotes des îles françaises, qui feront sagement triompher, avec nous, leur propre cause et celle de la mère patrie, en accomplissant par degrés l’éducation de leurs esclaves et la constitution du travail libre.

« N’ont-ils pas eux-mêmes déjà grandement facilité l’exécution de la tâche laborieuse de l’émancipation, en inspirant à leurs ateliers ces sentiments de dévouement et de reconnaissance qui enchaînent aujourd’hui les passions turbulentes dont on a vainement menacé le repos de leurs habitations ? Les conditions actuelles de l’existence des esclaves se sont tellement adoucies par l’incontestable mansuétude des maîtres et satisfont si généreusement au bien-être matériel des noirs, à la faiblesse de leur nature inculte et aux dispositions de leur caractère insouciant et paisible, que la tranquillité publique a providentiellement triomphé des affranchissements inconsidérés, des investigations journalières du patronage, des déclamations de la presse, des intrigues des abolitionnistes et des séductions de l’embauchage.

« On ne trouverait peut-être pas aujourd’hui, s’il faut en croire le témoignage des fonctionnaires de la métropole, au sein de la civilisation la plus avancée, une société plus calme, plus satisfaite du présent, plus patiente de l’avenir et mieux disposée à supporter l’élaboration des modifications successives qui devront encore améliorer et surtout ennoblir la destinée des populations coloniales. Cette vérité, consolante pour le passé et rassurante pour l’œuvre de régénération que le temps peut seul accomplir, s’ex-